Des images partout

Un graphiste engagé et engageant.

Comme une suite à "Graphisme contemporain et engagement" à la BnF à Paris, voici fort logiquement Vincent Perrottet à la médiathèque Hermeland à Saint-Herblain, jusqu’au 19 décembre 2015.

Vincent Perrottet a en effet appris le graphisme militant dans le cadre du légendaire collectif Grapus où il a œuvré de 1983 à 1989 après ses études de vidéo et cinéma à l’Ensad à Paris. En 1989, Vincent Perrottet et Gérard Paris-Clavel créent les Graphistes Associés, l’un des trois ateliers issus de Grapus et qui se veut « un atelier de conception d´images publiques d´utilité sociale ». A partir de 2000 et jusqu’en 2013, Vincent Perrottet travaille en association avec Anette Lenz, pour les théâtres d´Angoulême, de Mulhouse, de Chaumont et d’Auxerre. Il enseigne également à l´Esad d´Amiens, à l’École d’Art du Havre, à l’École d’Architecture de Marne la Vallée., et participe à l’organisation et à la direction artistique du Festival international de l’affiche de Chaumont de 2002 à 2009.

 « J’essaie de mettre de la qualité là où elle doit être, un peu comme cela devrait être le cas en architecture, dans le mobilier urbain, explique Vincent Perrottet. Quant à la publicité, elle est d’abord là pour vendre et on est dans de tels rapports de pouvoir que des gens comme moi n’ont aucune chance d’y travailler. Je travaille donc dans le champ associatif ou culturel avant tout. » Et il reste mobilisé au service des graphistes également, écrivant par exemple en 2013 Partager le regard, un manifeste sous forme de pétition pour dénoncer « des commandes publiques peu respectueuses de leur travail ».

Mêler intimement image et texte,  explorer et brouiller la frontière entre les deux est une de ses marques de fabrique. Une logique qu’il pousse au bout dans sa sérié Insensée, re—sensée en 2014 où il récupère des affiches de théâtre déjà imprimées pour sur-imprimer une, deux ou trois images, ici un labyrinthe chrome, puis une citation… engagée bien sûr.

Autre caractéristique : le travail collaboratif. Et pas seulement avec sa complice Anette Lenz. Vincent Perrottet aime s’appuyer sur un regard de photographe, comme dans son travail d’affiches politiques Travaille d’abord, tu t’amuseras après (2009) avec Myr Muratet exposé à Une saison Graphique 10 au Havre. Et il pousse les exigences graphiques de ses affiches avec son imprimeur et complice Jean-Yves Grandidier (Le Lézard Graphique à Brumath en Alsace), un travail en binôme salué au festival de Chaumont 2012.

L’exposition à la médiathèque Hermeland, en entrée gratuite bien sûr, montre des travaux qui s’étalent sur une quinzaine d’années : des affiches pour le théâtre, la  série d’images politiques Travaille d’abord, tu t’amuseras ensuite, ainsi que On peut rêver, une série de 36 images réalisée en projet participatif avec les habitants du Frais Vallon, un des quartiers nord de Marseille. Des images "cultivantes", suivant l’expression de Vincent Perrottet, censées toucher nos sens et faire réfléchir un peu.

Paul Schmitt, décembre 2015