L'art de Moi, Moche et Méchant 2

Un design marqué par une collaboration franco-américaine exemplaire.

Le blockbusterMoi, Moche et Méchant (en anglais : Despicable Me) avait séduit en 2010 les spectateurs du monde entier, générant plus de 540 millions de dollars de recettes. De quoi donner envie à son producteur américain Illumination Entertainment (filiale d’Universal Pictures) de prolonger la série. Ce sera bientôt effectif, avec la sortie programmée en France le 26 juin 2013 de Moi, Moche et Méchant 2 où le (faux) méchant Gru va devenir une sorte de James Bond pour sauver ses Minions des griffes d’autres méchants tout en apprenant à mieux s’occuper de ses 3 filles adoptives…

Cette réussite, rappelons-le, est le fruit d’une collaboration franco-américaine. Si le concept a été développé aux USA, la fabrication des deux films a été confiée au studio français Mac Guff. L’équipe créative elle-même est mixte, les deux chefs décorateurs étant l’américain Yarrow Cheney et le français Eric Guillon.

Eric Guillon, originellement DA dans la pub, a bifurqué ensuite vers l’animation dans les années 90, a travaillé chez le pionnier Fantôme de Georges Lacroix, et avec des studios comme Kaena ou Xilam sur des projets de long métrages ou des séries comme les Zinzins de l’espace. Illumination Entertainment l’a recruté il y a 5 ans pour Moi, moche et Méchant, puis leLorax/3d-video/animation-3d-vfx/le-lorax/(2012). Sur ces films, Eric a surtout travaillé en concept art, en parallèle au scénario : « Un travail qui se prolonge tout au long de la production, précise-t-il, le scénario en animation n’étant pas figé comme pour un film «live »

Yarrow Cheney, diplômé de la prestigieuse Cal Arts en 1995, est devenu animateur entre autres chez Warner, où il a eu l’occasion de travailler sur Iron Giant (1999), film qui a établi la réputation de Brad Bird comme réalisateur dès avant son passage chez Pixar. Yarrow Cheney a assumé les fonctions de production Designer, supervisant d’un point de vue artistique le travail des modeleurs et textureurs chez Mac Guff, assurant ainsi la cohérence visuelle de Moi, Moche et Méchant 2 comme celle des précédents.

L’art department d’Illumination a été ainsi largement basé à Paris, comptant jusqu’à une quinzaine de personnes. Pas d’environnements grandioses dans Moi, Moche et Méchant, « l’art est là pour supporter la narration » rappelle Yarrow. L’univers est celui de tous les jours, avec par-dessous des caractéristiques un peu bizarres (les Minions, la cave atelier de Gru, etc.) pour nourrir l’histoire. Moi, Moche et Méchant 2 permettra de découvrir de nouveaux environnements : une base sous-marine, le repaire du méchant. Une réalité stylisée empreinte de clins d’œil et d’humour, avec des personnages attachants et sans côté trash.

Les deux artistes exposent une cinquantaine de leurs travaux, croquis et peintures, plus quelques uns de leurs collègues, à la galerie Arludik à Paris jusqu’au 22 juin 2013. Une occasion de pénétrer un univers graphique et ludique réunissant le meilleur de deux mondes : la touche artistique française en sus du professionnalisme américain.

Paul Schmitt, juin 2013