Illustratrice du quotidien

En partenariat avec Adobe Creative Cloud

Il y a une forme de malice et d’espièglerie qui se détache du travail de Virginia Garrido Millan.

Cette jeune illustratrice, qui navigue entre l’Espagne et la France où elle vit désormais, nous offre un bain de fraicheur bienvenue, avec ses  personnages plongés dans des  mises en  scène du quotidien  à la fois soignées et décalées.

Qui est Virginia Garrido Millan ?

Je suis espagnole, mais je me suis installée en France en 2011. J’ai étudié le graphisme et l’illustration à l’École des Arts appliqués de Cordoue, en Espagne. À la fin de mes études, j'ai débuté une courte carrière en agence de communication en tant que  graphiste. A partir de 2008, je suis devenue illustratrice pour l'édition jeunesse, pour une dizaine de livres et albums pour enfants  publiés en Espagne et en Amérique du Sud.

Toujours avec l'ambition de faire de l'illustration, je me suis  installée en France  pour  me créer de nouvelles opportunités. J'ai depuis été contactée par un Agent d'Illustrateurs, Patricia Lucas, avec qui j'ai commencé une  belle aventure.

Dans cette transition Espagne -­ France, mon approche de la création  artistique a changé radicalement et mes illustrations ont évolué au rythme de ma personne. Avant je privilégiais les techniques les  plus traditionnelles comme l'aquarelle, la peinture à l'huile ou l'acrylique. Je recherchais le réalisme  et le détail. Aujourd'hui, mon travail est beaucoup plus épuré et spontané, je  lui donne du dynamisme et je recherche la simplicité au premier regard.

Comment caractériseriez‐vous votre travail ?
Pendant mes études et par la suite, j'ai eu l'occasion de travailler le cuir, de réaliser de la gravure et de la sculpture, de faire de la photographie. Ces       multiples techniques et domaines artistiques m’ont permis une  plus grande maitrise dans mon travail et un véritable savoir‐faire aujourd'hui. Mes illustrations sont douces, fraiches et  pétillantes avec une pointe de légèreté, je  raconte le quotidien à travers des mises en scène soignées. J'y exprime  une partie de ma personnalité, des situations instantanées ou des  envies issues  de mon imagination.

Comment travaillez-­vous quand vous recevez un brief ?

Je commence par une veille, une recherche d'idées et de visuels  pendant une à deux journées, en fonction du projet.  Cette démarche est cruciale pour me permettre de créer  l'univers et ses personnages

Ensuite, je couche mes premières idées sur papier, c'est le travail de crayonnés. Une fois que je suis satisfaite de mes crayonnés, j'envoie ma proposition à l'agence ou à  la maison d'édition, en fonction du projet. Nous en  discutons jusqu'à arriver à une version finale. Si le client valide, je passe alors à la mise  en couleur. Il peut  y avoir plusieurs allers retours sur chaque  étape avec des  processus qui diffèrent suivant  le client.

Qui sont vos clients aujourd’hui ?
Mes clients sont essentiellement  des marques,nationales et internationales,qui souhaitent communiquer à travers mes illustrations. Actuellement, je réalise des illustrations pour une  campagne  de communication nationale pour la marque " Le Chat  — Lavons mieux  ". Je m'apprête également à commencer une collaboration en  Chine, pour une grande marque de produits  laitiers. Plus globalement, je travaille pour l’édition, la presse, la publicité et le  web.

Comment définir sa démarche créative quand on répond à  une commande ?
Je suis à l'écoute pour comprendre le besoin, interpréter correctement le  message et  le restituer à   travers  mes créations.  C'est une étape  indispensable si je souhaite obtenir le  résultat attendu par mes  clients.  Je m'interroge également  sur  la marque et sa cible,  sur le pays dans lequel  seront diffusées  mes illustrations. Cette veille est un  autre  aspect très important de mon travail, car communiquer par l'image demande une grande préparation en amont de la  création.

Toutes mes collaborations passent par mon agent. J'ai une  excellente relation avec elle, basée  sur la confiance  mutuelle. Elle s'occupe de  ma promotion  et  de la relation commerciale, quand moi je m'occupe de la direction artistique et de la création en donnant, sur chaque projet, le meilleur de moi­‐même. Un  duo vraiment gagnant  !

Concernant ma démarche créative, j'utilise quotidiennement le web et  m'intéresse à tout pour trouver des idées : goûts culinaires,  culturels, hobbies de mes  personnages, époque, pays et langue, chaque détail compte pour réussir une création graphique. Je m'appuie également sur le brief client, les réunions de cadrage au départ et en cours de projet. Les allers retours avec le  client sont aussi un excellent moyen  de faire évoluer  cette démarche, qui  doit être le plus en phase avec le  projet.

Quelles sont vos influences, vos références créatives ?
J'étais très influencée par les dessins animés Disney que j'ai regardé  sans cesse quand j'étais petite et que j'admire  toujours. Les dessins  de  Mary Blair, Frank Thomas, Marc Davis et plus récemment Juanjo Guarnido. J'adore les illustrations dynamiques et fraiches de Simone Massoni, la féminité et les formes organiques  dans le  travail de  Malika Favre,  la broche sèche et la douceur des illustrations d'Annette Marnat et la perfection de Maike Plenzke.  De temps en temps je fais un tour pour voir leurs travaux, ça fait vraiment plaisir de les  admirer à nouveau. Je m'intéresse également à la photographie, à la décoration et à la peinture.

Quelle  forme d’expression  privilégiez-­‐vous,entre les techniques manuelles  et informatiques ?
Aujourd'hui je privilégie l'illustration  vectorielle. J'expérimente les couleurs et les formes,  sans risque de  devoir  recommencer à  zéro. Cela me donne  une véritable  liberté créatrice. Pour autant, je commence  toujours mon travail au crayon  à papier, j'aime particulièrement dessiner sur une  feuille blanche et  je suis plus à l'aise en commençant un   projet ainsi. J'aime également reprendre de temps en temps mes chers pinceaux et mes aquarelles pour me détendre et  changer  d'atmosphère.

Quel regard portez-­‐vous sur  l’illustration et le graphisme  ?
Le web donne vraiment une plus grande visibilité à l'illustration et aux  nouveaux talents. Nous pouvons  parler  illustration  et graphisme avec le   monde entier, partager nos créations et nous faire connaître. Le graphisme fait maintenant partie du paysage visuel et de la stratégie de communication de nombreuses marques. L'illustration donne beaucoup plus de sens à l'image  et  au message que souhaitent véhiculer mes clients. Une  image vaut mieux  que mille mots. 

Quelle part de votre temps  vos projets personnels occupent-­‐ils ? 

Mes projets personnels occupent une à deux journées par semaine. Mon blog  d'illustratrice  me prend une  grande partie de ce temps, j'y présente mes projets personnels, comme la  création de recettes illustrées, des  bandes dessinées et des tutoriels, que j'aime partager. Ma démarche artistique  commence toujours par de l'observation, les éléments et les personnes qui m'entourent, les situations de la vie quotidienne et enfin, mon imagination. Je me remets  continuellement en question. Je prends conscience de choses qui influent inévitablement sur ma démarche artistique, mais je  n'ai pas de  direction définie, je me laisse  porter par mes aspirations du moment.

Comment  vos  travaux personnels nourrissent-­‐ils votre travail professionnel ? 
Mes projets professionnels occupent une  grande  partie  de mon  temps, je  dirais donc  plutôt l'inverse. Chaque demande client est un défi et un excellent moyen pour moi de nourrir par la suite mes idées et mes  envies dans mes  projets personnels. L'inverse se produit  également, mes retours d'expériences et les échanges  avec mes clients me  poussent à évoluer et à tenter des expériences.

Voyez-­vous une différence entre le travail de DA ou d'illustratrice en Espagne et en France  ?
En Espagne j'étais  très enthousiaste  en  débutant  ma carrière d'illustratrice. Le secteur de la Culture a subi d’importantes restrictions budgétaires et je ne pouvais plus vivre uniquement de  mon métier d’illustratrice. En France, avec   les conseils  de mon agent et l’expérience, je me consacre  pleinement à mon  métier d’illustratrice et de DA. Les méthodes sont identiques entre les deux  pays, seule la situation change.

Avec quel  matériel travaillez‐vous, matériels et logiciels ?
Sur mon bureau on peut  retrouver un carnet  pour mes crayonnés, des crayons à  papier 2H et 2B, un PC avec un écran optimisé pour le graphisme, une  tablette graphique Wacom Intuos 5 et un  scanner, enfin, les logiciels Photoshop et Illustrator CC.

Quels sont vos  outils favoris sur  Illustrator ?

Une fois mon crayonné scanné, je travaille toujours sur deux calques : le crayonné que je verrouille et le dessin sur lequel je travaille. Je trace toutes les formes de l'illustration avec la Plume et la Pipette pour  les couleurs, puis je  remplis les formes réalisées.  Ensuite j'active le mode Dessin  intérieur et je dessine les ombres, les  lumières et les reflets. Les touches finales, je les  réalise à l'aide du Pinceau, en forme calligraphique avec la pression variable,  j'ajoute des traits en donnant un effet de dynamisme à l'illustration.

Depuis que vous êtes passée sur le Creative  Cloud, avez-­‐vous découvert  d’autres logiciels que  vous  n’utilisiez pas ? 
Oui, After Effects. Je m'intéresse à l'animation et au motion design. L’idée de donner vie à mes illustrations me plait énormément. Pour y arriver, je compte réaliser dans les prochaines semaines une formation sur After Effects et  parfaire ainsi mes compétences.         

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