Visa pour l'image 2015
Plus que jamais, le monde a besoin de photojournalisme. Merci au festival Visa pour l’image de le mettre en évidence.
Grande nouveauté 2015 : Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l’image, se départit de son pessimisme habituel quant à l’avenir du photojournalisme et « sent comme un frémissement, un moral moins en berne ». Certes, les budgets des commanditaires sont toujours aussi bas, mais nombre de photoreporters ont appris à vivre avec. Et les événements de janvier à Charlie Hebdo ont confirmé la fonction éminente, la mission qu’exercent ces témoins que sont les journalistes, caricaturistes ou photographes face aux violences du monde.
Du coup, les 26 expositions de photographes à ce Visa pour l’image, jusqu’au 13 septembre 2015 à Perpignan, parlent surtout d’actualité violente, de guerre. En particulier la guerre en Syrie et le drame résultant des réfugiés et migrants au premier plan de l’actualité ces temps-ci. Citons ici l’émouvant témoignage d’Alfred Yagobzadeh pour Paris Match sur les femmes yezidies face à Daech.
Les reportages documentaires, sociologiques, ne sont qu’une petite dizaine à explorer le fond de nos sociétés. S’y distinguent là-aussi deux témoignages sur le parcours de jeunes filles et jeunes femmes. Viviane Dalles (Prix Canon de la Femme Photojournaliste 2014) va à la rencontre en France de « mères ado » qui ont choisi de garder leur bébé malgré leur jeune âge. Et Stephanie Sinclair nous parle des Kumari, ces petites filles népalaises qui incarnent des déesses vivantes et sont vénérées comme telles – jusqu’à leur puberté. Deux reportages qui traitent leur sujet en nuances, sans sensationnalisme ou morale politiquement correcte.
Merci donc à Visa pour l’image de donner aussi la parole –ou plutôt l’image – aux femmes.
Clémentine Gaspard, septembre 2015