I love Japan

Mois du Graphisme 2016 "Made in Japan": toutes les expos:

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Splendeur et richesse du graphisme contemporain japonais.

Après " Masters in Japan", les maîtres graphistes de l’après-guerre, place au graphisme japonais contemporain avec « I love Japan » au Centre du Graphisme d’Echirolles jusqu’au 29 janvier 2017. A ne pas manquer si vous avez l’occasion d’aller jusque là, cette superbe exposition collective est aussi unique dans son genre !

Pour Michel Bouvet, le graphisme japonais se distingue par sa capacité à transcender le rationnel. Et avec 27 graphistes représentés, « I love Japan » montre aussi leur capacité à absorber les influences occidentales, le graphisme suisse d’abord, puis le graphisme anglo-saxon à partir des années 70, pour les restituer à leur façon. Modernisme et déstructuration renouvellent ainsi le symbolisme japonais, nourri de leur rapport très fort et particulier à la nature.

En plus du maître U.G. Sato, trois graphistes japonais de la nouvelle génération avaient fait le voyage pour l’inauguration. Hiroko Sakai, une des rares femmes présentées ici, est représentative de ce double héritage culturel du graphisme japonais contemporain. Son affiche contre la pollution de l’eau, autoportrait surligné par une trame bleue, fait penser au graphisme néerlandais par exemple. Ses trois autres affiches pour des pièces de théâtre ou autre privilégient les formes de couleur, les caractères s’y fondant au point de presque y disparaître : émotion et symbolisme plutôt que démonstration.

Autodidacte, Takafumi Kusagaya travaille beaucoup à la main avec des techniques proches du collage. Ses affiches pour la marque de mode Ato sont à base de photocopies d’objets retravaillées, celles sur les musiciens Quincy Jones et Herbie Hancock ne font plus apparaître que leurs initiales dessinées à la main. Pour ses travaux personnels Track ou Stains comme pour le magazine de mode Baratee, Takafumi Kusagaya utilise un marqueur acrylique et une règle qu’il déplace pour marquer les traits ; cette trame est ensuite agrandie au format de l’affiche.

Hiroaki Nagai
pratique aussi bien l’affiche pour des marques commerciales comme Campari, pour des événements culturels comme une exposition sur Paul Klee, que le design éditorial de livres ou CDs. Se disant inspiré du Bauhaus, Hiroaki Nagai se remet perpétuellement en question pour renouveler son écriture.

La série d’affiches Hiroshima Appeals illustre la portée du graphisme japonais, son intégration dans la société. La Japan Graphic Designers Association (JAGDA) et la Hiroshima Cultural Foundation commandent chaque année depuis 1983 une affiche sur le thème « l’esprit d’Hiroshima » pour la paix. Les affiches sont ensuite exposées et vendues au public, regroupées en expositions, interpelant le public au Japon et ailleurs.

Centre du Graphisme
« I love Japan » est aussi l’exposition inaugurale de ce Centre du Graphisme. Dès les origines du Mois du Graphisme en 1990, les organisateurs ont voulu pérenniser leur initiative en établissant un lieu permanent. Avec beaucoup moins de moyens que le Signe, le centre du graphisme de Chaumont récemment inauguré lui aussi, mais avec la persévérance de son président Diego Zaccaria, le projet a finalement abouti. Installé dans une moitié de l’ancienne mairie, le Centre du Graphisme d’Echirolles dispose de 4 salles d’exposition en rez-de-chaussée et d’une médiathèque au 1er étage. Budget de ce réaménagement : 1,5 million d’euros, plus un très nécessaire ravalement de façade prévu en 2017 et la rénovation du 2ème étage en 2018. Et ce Centre du Graphisme proposera deux expositions par an dont bien sûr l’exposition phare de la biennale Mois du Graphisme.

Paul Schmitt, novembre 2016