30 ans de street art

C'est une véritable consécration ! Avec l'exposition "Né dans la rue - Graffiti", la prestigieuse Fondation Cartier offre à cet art urbain la consécration ultime - celle du temple de l'art contemporain. Partez à la découverte des créations de JonOne, Barry McGee, P.H.A.S.E. 2, Evan Roth et beaucoup d'autres.

Né à New York

Les origines du graffiti se trouvent dans de nombreuses villes des Etats-Unis. Mais c'est véritablement à New York, au début des années 1970, que le mouvement a explosé.

Tout a démarré à la fin des années 1960. Dans une ville presque en ruine, des adolescents désoeuvrés, sans perspectives, commencent à écrire leurs noms sur les murs et les bus. D'abord au marqueur, puis à la bombe, cette activité conquiert chaque jour plus d'adeptes. A cette époque, le graffiti s'appelle encore le writing (l'écriture - NDLR) et ses auteurs, issus principalement des quartiers populaires de Washington Heights et du Bronx ont une quinzaine d'années et sont issus des minorités hispaniques et afro-américaines.

Dans les premières années, le mouvement se limite au tag : le nom (souvent un pseudonyme) du writer et le numéro de sa rue. Objectif : que ce tag soit plus visible que celui des autres. Très vite, le métro devient l'un des moyens les plus efficaces d'augmenter le terrain conquis.

Le mouvement new-yorkais a connu un tel engouement, un tel développement qu'il a vite intégré le monde des médias et de l'art, dès les années 1980.

Une évolution graphique

Le style des tags évolue rapidement. Les graffeurs souhaitant se distinguer les uns des autres, ils optent pour des calligraphies de plus en plus élaborées auxquelles viennent s'ajouter un contour (la hotline) et des motifs (flèches, pois, étoiles...). Petit à petit, des personnages inspirés de la bande-dessinée se joignent aux signatures.

En 1974 apparaissent les whole cars - des graffitis si grands qu'ils recouvrent l'intégralité d'un wagon de métro.

L'intérêt du monde de l'art

A la fin des années 1970, le mouvement graffiti vit un tournant de son histoire : le monde de l'art contemporain commence à s'y intéresser. Porté par des galeries new-yorkaises branchées, le graffiti traverse les frontières et s'envole - pour l'Europe, notamment. Certains artistes comme Jean-Michel Basquiat ou Keith Haring choisissent d'exposer aux côtés de graffeurs, fascinés par leur énergie créative.
"Embourgeoisés", les graffeurs les plus connus travaillent désormais en atelier ce qui leur permet d'expérimenter de nouvelles techniques et d'autres supports (que les opérations commando sur les dépôts de métro, la nuit, interdisaient).

Aujourd'hui

Témoignant de la diversité de cette école artistique, dix graffeurs venus de différents pays ont été invités à témoigner de leur art à la Fondation Cartier.

Basco Vazko, Cripta, JonOne, Olivier Kosta-Théfaine, Barry McGee, Nug, Evan Roth, Boris Tellegen/Delta, Vitché et Gérard Zlotykamien ont investi les espaces et la façade du bâtiment de Jean Nouvel.

Léonor de Bailliencourt - Août 2009
Jusqu'au 29 novembre 2009
Fondation Cartier pour l'art contemporain, 261 boulevard Raspail, Paris 14e.
Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 20h. Nocturne le mardi jusqu'à 22h.