Graphic Design Festival 2017

Les 19 affiches consacrées au sport qui ouvrent ce nouveau festival, héritier de la Fête du Graphisme. Plus 6 affiches refusées par le jury mais exposées au musée des Arts décoratifs

La Fête du Graphisme est morte, vive le Graphic Design Festival. Après 3 éditions, la Fête du Graphisme à Paris cède la place en 2017 au Graphic Design Festival. Michel Bouvet, initiateur de la première formule, a préféré passer la main ; l’agence Artevia continue donc en s’associant avec D’Days, déjà organisateurs des D’Days, les Designer Days dont la prochaine édition sera en mai 2017.

Concrètement, nous n’avons pas noté beaucoup de différences jusqu’à présent entre les deux événements. Le cœur de la manifestation reste les expositions qui se tiennent cette année au Musée des Arts décoratifs à partir du 24 janvier. Et le coup d’envoi consiste toujours à exposer des affiches dans les rues de Paris, sur 1600 panneaux gracieusement fournis par l’afficheur JC Decaux jusqu’au 22 février 2017. Et après "Célébrer la ville" en 2016 et "Célébrer la Terre" en 2015, célébrons le sport en 2017 ! Candidature de Paris aux JO oblige, 20 designers graphiques internationaux ont été invités par un commissariat double, les studios Stéréo buro et Frenchfourch, et ont réalisé des créations sur la thématique du sport. Et « Creative Sport » rassemble 19 affiches (manque à l’appel le studio suisse Johnson/Kingston) sélectionnées pour habiller abribus et sucettes Decaux, plus une centaine d’écrans digitaux à Londres et New York.

La diversité est bien sûr de règle dans une telle compilation. Et si quelques uns comme l’anglaise Julia, les français Adrien Frégosi et Pol-Edouard ou le hongrois Tamas Al, référencent clairement le sujet dans leur affiche, beaucoup s’en évadent totalement. Entre figuration libre et abstraction, ils partent dans des délires jubilatoires. Dans « Creative Sport », ils placent clairement « Creative » au premier plan.

Le « salon des refusés » au musée des Arts décoratifs
Pour voir l’ensemble des 19 posters d’un coup, rendez-vous au musée des Arts décoratifs de Paris où ils sont tous exposés jusqu’au 5 février 2017. Avec en bonus à ne pas manquer, 6 posters - voir visuels 03 à 05 dans la galerie ci-contre - initialement soumis par des graphistes invités et refusés par le jury de sélection (jury dont ne faisaient pas partie Frenchfourch et Stéréo buro).

 Le jury n’a pas justifié ses choix, mais on devine certains raisonnements : la légende « attention balle perdue » de Jeremy Piningre trop réminiscente des attentats, le ballon crevé trop défaitiste chez Adrien Fregosi, les filles trop bien formées, façon manga adulte, de Geriko. Mais pourquoi faire revoir leur copie à The Rodina et Studio Jimbo ? Mystère. Quant à Johnson/Kingston (les suisses Ivan Weiss et Michael Kryenbühl), ils ont refusé de modifier leur affiche mêlant migrants pateaugeant en Méditerranée et athlètes de triathlon se ruant dans l’eau. Du coup, ils ne sont pas exposés sur les panneaux Decaux dans Paris, dont la mairie est pourtant fière d’ouvrir des centres d’accueil pour les migrants.

Voilà un très beau cas d’école illustrant les tensions entre institutions commanditaires, soumises à leurs propres contraintes (ici: ne pas déplaire au CIO pour Paris), et commandités graphistes épris de liberté d’expression.

Paul Schmitt, janvier 2016