Air Poster, AREP, D&AD, Detanico & Lain, etc.

Huit cartes blanches pour illustrer la variété des pratiques graphiques à travers le monde.

Cœur de ce Graphic Design Festival 2017 : les expositions au musée des Arts décoratifs à Paris jusqu’au 5 février 2017. Dans la galerie surplombant l’exposition en cours « L’Esprit du Bauhaus » dans le hall central, un parcours en 8 carte blanches nous emmène à travers diverses visions et pratiques du design  graphique. On y retrouve en particulier l’ensemble des 19 affiches de Creative Sport, plus les 6 créations initiales refusées par le jury (voir notre article à ce sujet). Nous avons aussi dédié leur propre article et galerie de visuels aux graphistes iraniens d’Azad Design project ainsi qu’à la collection de  posters de  Visual Taipei : leur richesse visuelle ne méritait pas moins. Nous nous concentrerons ici sur les 5 autres cartes blanches, qui elles aussi valent le voyage !

Air poster : déjà une rétrospective !
Air poster va fêter ses 5 ans en février avec Air poster 5 du 3 au 5 février 2017, toujours au studio Swissmiss. Née à l’initiative de Cheeri (Jean-Baptiste Berthezène et Félix Demargne), Air poster est un espace de respiration graphique, une occasion pour les participants de créer des visuels en dehors d’une commande et de se confronter au public et à d’autres graphistes. Une bonne douzaine de studios, dont Les Graphiquants, Des Signes, Akatre, BB-Bureau, etc. participent à cette mini-rétrospective des 4 premières éditions d’Air poster.

La signalétique d’espace public avec AREP Designlab

Filiale architecture et design de la SNCF, AREP travaille pour sa maison-mère mais aussi pour des clients autres comme la SNCB, les chemins de fer belges. Au programme, l’aménagement et la signalétique des gares et autres lieux de transport. Le pôle design AREP Designlab compte 120 chefs de projet dont deux spécifiquement dédiés au design graphique. AREP Designlab présente ici ses travaux pour la SNCF dont la nouvelle charte graphique conçue en 2012 est en cours de déploiement gare après gare. Et aussi quelques travaux de pur design graphique : Achemine, une fonte plus accessible aux malvoyants conçue à partir de la fonte Univers 55 Roman d’Adrian Frütiger ; les pictogrammes de la SNCB qui référencent la forme ovale du logo de la société.

La typographie est aussi à l’honneur dans d’autres cartes blanches. Safari Typo bien sûr, une websérie de 8 épisodes coproduite par Arte et visitant quelques capitales avec un grand typographe comme guide. Paris a ainsi droit à deux épisodes avec Jean-François Porchez et David Poullard respectivement. Sans oublier Marseille avec le graffeur et illustrateur Tabas. Et Erik Spiekermann nous fait l’honneur de se promener avec nous à travers Berlin, commentant les signes avec un humour caustique et tendre à la fois. Les 8 épisodes sont visionnables aussi en ligne sur le site Arte creative.

Nous vous parlons chaque année des prestigieux Pencils, les prix de la création décernés par les D & AD, le club des DA anglais. Le pop up store qui leur est consacré est l’occasion de voir une sélection de créations récompensées cette année.

Detanico & Lain casse les codes graphiques pour en extraire de nouvelles formes poétiques. Le duo de graphistes brésiliens (mais vivant à Paris) Angela Detanico et Rafael Lain aiment traduire signes et mots en écritures plastiques et y trouver de nouveaux sens. Une recherche formelle qui pousse le graphisme vers l’art.

Plus classique, le travail d’identité visuelle de T2G, le Théâtre de Gennevilliers, innove néanmoins en mettant l’accent sur spectateurs et habitants de la ville. Depuis 2007, un duo graphiste-photographe  met en affiche et en regard un portrait photographique et le programme de la saison. L’identité visuelle porte ainsi le projet de T2G et de son directeur Pascal Rambert : en faire plus qu’un théâtre, un lieu de création contemporaine. Un programme valable pour le design graphique aussi, dont ce Festival démontre la vocation à déborder ses frontières pour irriguer d'autres disciplines et d'autres recherches.

Paul Schmitt, janvier 2017